Morceaux choisis d'égyptologues
D'abord, 2 définitions
Me considérant comme un amateur averti en égyptologie, je
tiens à donner une définition de ce que j'entends précisément par
ces termes.
- Amateur averti
- Amateur à qui un professionnel a dit : « Je vous
avertis, vous êtes un amateur. »
- Egyptologie
- Etude de la civilisation ou de la langue égyptienne pratiquée
chez soi, au logis, quand on n'a pas les moyens d'aller
tous les ans en Egypte.
Les citations qu'on trouvera ci-après n'ont aucun caractère de
méchanceté. Elles ont pour seul but de rire de nos imperfections.
Si les premières relèvent plutôt de la sottise, ou du moins de
l'erreur de jugement, les autres relèvent le plus souvent d'une
coquille d'éditeur, de l'inattention de leurs auteurs à la
relecture, de l'humour discret (pour Champollion) ou de l'outrance
dans la grandiloquence (pour J.Y. Barré).
En cherchant dans mes propres écrits, il est vraisemblable qu'on
puisse trouver bien des sottises et des coquilles. On aura alors
aucune difficulté à me « rendre la monnaie ». Mais
alors, je serai devenu un auteur... lu, puisque
critiqué !
- Gaston MASPERO dans « La
Mythologie », page 277
-
- « J'ai dû avouer qu'ils [les
Egyptiens] ne respiraient point cette sagesse
profonde que d'autres y avaient sentie. Certes on ne
m'accusera pas de vouloir déprécier les Egyptiens :
plus je me familiarise avec eux, et plus je me persuade
qu'ils ont été un des grands peuples de l'humanité, l'un
des plus originaux et des plus créateurs, mais aussi
qu'ils sont toujours demeurés des demi-barbares. »
- « En art, en science, en industrie, ils ont
beaucoup inventé, beaucoup produit, beaucoup promis
surtout ; leur religion présente le même mélange de
grossièreté et de raffinement qu'on retrouve dans tout le
reste. La plupart de ses mythes lui sont communs avec les
tribus les plus sauvages de l'Ancien et du
Nouveau-Monde ; ses pratiques gardent le cachet de la
barbarie primitive, et je crois que les sacrifices humains
n'en avaient pas disparu dans certaines circonstances,
même sous les grands Pharaons thébains. Elle a été jetée
au moule par des Barbares, et elle a reçu d'eux une
empreinte si forte que cent générations n'ont pu, je ne
dirai pas l'effacer, mais en amollir les aspérités et en
adoucir les contours. »
- Gustave LEFEBVRE dans « Romans
et contes égyptiens », page 196 dans les Aventures
d'Horus et de Seth.
-
- « (Or, pendant la nuit, Seth tenta d'abuser
d'Horus, mais celui-ci recueillit dans ses mains la
semence de Seth 75.) » La
note 75, en bas de page, explique : « Voici,
en latin, la traduction intégrale de la phrase que j'ai
résumée entre parenthèses (---) : "Noctu autem
Seth rigidum membrum suum atque inseruit illud intra coxas
Hori. Tunc Horus insinuavit manus suas ambas intra coxas
suas et excepit sperma Seth." »
- Six lignes plus loin, le récit continue en ces
termes : « (Alors elle [Isis]
préleva de la semence d'Horus 78.) »
La note 78, en bas de page, explique : « Traduction
latine du passage résumé entre parenthèses (---) :
"Tunc accepit aliquantulum dulcis unguenti sparsitqueque
illud super membrum Hori. Tunc induravit illud, introductum
in vasculo, effecitque ut semen illius huc
deflueret." »
- C.L. dans « Mémoires
de Thoutmosis III »
-
- « Thoutmosis III régna en Egypte de 1504 à
1450 environ avant Jésus-Christ - soixante-quatre ans
(sic) durant lesquels le monde
proche-oriental connut de grands bouleversements. »
Première phrase du livre, page 7.
- « ... une vaste pièce , mesurant plus de trente
coudées de large sur cinq de long,... » (Dernier
chapitre du livre, page 217.)
- M. D. M. dans « Thoutmosis III,
le plus grand des pharaons »
-
- Page 73. Les dates, c'est bien compliqué : « Le
jour de son intronisation officielle, en l'an 22, le
dixième jour du second mois de la saison Peret, le 4
Pachon. » (C'est comme si on disait : le
10e jour du 2e mois du printemps, le 4 mars).
- Page 74. Les dates, c'est toujours aussi compliqué :
«... le vingt-cinquième jour du quatrième mois de
Pharmenti...» (C'est comme si on disait : le
25e jour du 4e mois de février).
- Page 211. « Jeune, le roi [Amenophis III]
épousa aussi une étrangère, Tiyi, probablement d'origine
nubienne étant donné son teint sombre. Ses parents, hauts
fonctionnaires, étaient originaires de la province
d'Akhmin en Moyenne-Egypte. »
- Jean-François CHAMPOLLION
dans « Principes généraux de l'écriture sacrée
égyptienne » et « Lettre à M. Dacier »
-
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Dans sa grammaire publiée après sa mort, on trouve, à
la page 332, une figure montrant deux divinités ouvrant
leurs ailes pour protéger deux cartouches royaux. |
Mais à la page 447, on trouve une autre figure d'un
genre comparable mais d'un humour d'une telle discrétion
que bien peu de ses contemporains ont dû en comprendre
la finesse.
Les cartouches contiennent son propre nom, mais il a
bien pris soin de tourner les ailes protectrices des
divinités... vers l'extérieur, pour éviter le sacrilège.
Le premier se lit "CHAMPO" et le deuxième "LLION", les 2
L étant écrits - comme il se devait - avec
deux lions... |
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Par ailleurs, dans sa Lettre à M. Dacier, il
écrit plusieurs fois son nom, très discrètement en
petits caractères, au bas des planches explicatives, en
hiéroglyphes, en démotique ou en hiératique, sans en
donner la moindre explication. En voici deux exemples,
en démotique (avec cartouche) puis en hiéroglyphes. |
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Dans une lettre d'Alexandrie écrite le 29 octobre 1829
au Dr Pariset, il signe « Je suis tout à vous, de cœur
et d'âme » (cœur et âme
en hiéroglyphes) Maïamoun (= Aimé d'Amon). |
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- Jean-Yves BARRÉ dans de
nombreux documents.
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Persuadé d'avoir trouvé, dans la tombe de
Thoutmosis III, son propre nom écrit en
hiéroglyphes sur un pilier, sous la forme « Ba-Rê »,
c'est-à-dire « (l'âme-)ba (de) Rê »,
il voyait là un appel du pharaon lui-même qui l'incitait
à traduire les textes de sa tombe en français. Bien
plus, il en avait sans vergogne adopté l'image comme
marque personnelle dans certaines de ses publications,
sous prétexte que Champollion lui en avait donné
l'exemple. |
Se basant sur le même raisonnement, il avait fait
figurer comme fond de page personnel, sur l'Internet,
une vignette du Livre pour Sortir le Jour du
scribe Ani. Mais il avait trafiqué le texte et
l'image, de façon à leur faire dire : « Je
suis le Bénou, le Ba de Rê, [ce
qui, jusque là restait authentique] en
mon nom de Ba-Rê [un faux
grossier, bien sûr] », pour
réaliser un jeu de mots sur son propre nom. Mais la
honteuse supercherie fut vite découverte par les
spécialistes.
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Conclusion
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On peut se demander à juste titre si
l'Egypte ne rend pas parfois les égyptologues
un peu... timbrés ! |
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